Latence transatlantique : quand le direct français se prend les pieds dans le câble

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Pourquoi le journaliste en direct depuis la France rame plus que depuis l’Italie ou les USA ?

Le direct, ce Graal cathodique, ce moment où le présentateur en costard bien taillé tend la parole à son reporter, micro à la main, censé nous livrer l’info brute, en temps réel.
Mais voilà, entre Paris et un plateau français, ça lagge, ça grésille, ça coupe.
Une seconde de silence, deux secondes de blanc voir parfois bien plus, et cette impression que le journaliste est à des années-lumière, perdu dans une faille spatio-temporelle.
Pourtant, quand le même reporter squatte un trottoir à Rome ou un diner à New York, bim, ça passe crème, fluide comme un espresso italien ou un blockbuster US.

Alors, quoi ? La France serait-elle maudite par une latence divine ? Décryptage.

La fibre, cette grande absente du terroir

D’abord, mettons les pieds dans le plat : notre réseau, en France, il tousse.
On nous vend du très haut débit, des promesses de 5G qui révolutionnent le game, mais dans les faits, entre les zones blanches et les infrastructures qui datent de l’époque où on regardait « Le Juste Prix » en famille, on est à la traîne.

Un journaliste en direct depuis une petite ville française doit souvent jongler avec une connexion bancale, un signal 4G qui fait semblant, ou un satellite qui a la flemme. À l’inverse, en Italie, où le réseau est plus homogène, ou aux USA, où les géants de la tech ont tricoté une toile d’acier, le flux vidéo circule comme une autoroute sans péage.

La distance, un faux coupable

On pourrait croire que c’est une question de kilomètres.
Plus t’es loin, plus ça rame, non ? Faux.
La latence, c’est pas une affaire de géographie, mais de technologie. Les câbles sous-marins qui relient l’Europe aux USA, ces autoroutes de données posées au fond de l’Atlantique, sont des bijoux d’ingénierie.
Ils acheminent les bits (t’enflamme pas Lily Phillips ! On ne parle que de Bits éléctoniques là…) à une vitesse qui défie presque la lumière.
Résultat : un reporter à Washington peut balancer son topo avec une réactivité qui fait passer son collègue à Lille pour un escargot numérique.

La vraie distance, elle est dans nos priorités : on investit moins, on optimise moins, on bricole plus.

Le plateau français : victime de sa propre bureaucratie

Et puis, il y a nous.
Nos plateaux télé, ces usines à info où tout est calibré, chronométré, mais où la technique reste une vieille diva capricieuse.
Entre les régies surchargées, les équipes qui bidouillent en urgence et une chaîne de décision qui ressemble à un mille-feuille administratif, le moindre grain de sable – une connexion instable, un satellite mal luné – devient une montagne.

Aux USA, on mise sur l’efficacité brute : t’as un problème, tu le règles, point.
En France, on discute, on tergiverse, et pendant ce temps, le journaliste en direct fait des signes désespérés à l’antenne.

Une exception culturelle… jusque dans le lag

C’est presque drôle, cette latence Made in France.
On aime se targuer d’une exception culturelle, d’un art de vivre, mais on traîne aussi une exception technologique : celle d’un pays qui préfère philosopher sur le progrès plutôt que de le faire.
Pendant que l’Italie modernise ses réseaux et que les USA imposent leur pragmatisme, nous, on reste là, entre deux coupures, à regarder le direct se Transformer en différé involontaire.

Alors, la prochaine fois que votre écran freeze sur un reporter français, ne blamez pas le bonhomme : blamez les câbles, les choix, et cette manie hexagonale de toujours vouloir réinventer la roue… en carré.

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